La gloire du rapporteur, paru chez Calmann-Lévy, 340 pages.
Extrait de La gloire du rapporteur :
« On est arrivés à Bombay par la gare de Dadar et j'ai compris pourquoi la mondialisation allait échouer ici comme mon épave, comme mon rapport, comme ma vie de bureaucrate : il n'y avait pas ici de place pour le reste du monde, pour qu'il entre et s'installe, pas besoin de télé, l'image était déjà pleine, saturée et la vie elle aussi saturée de ses propres tourments. La gare de Dadar comme la plupart des gares de l'Inde, c'était non pas le centre du monde comme celle de Perpignan mais la totalité du monde. »
« Un souffle saisissait le monde, il prenait étreignait les grands arbres, les bambous, les pipals, les manguiers, les soulevait par en dessous, les forçait à chanter à danser en faisant craquer leurs os, en arrachant leurs cheveux verts. Les cocotiers torturés se tordaient, imploraient, leurs palmes crépitaient. Toute la faune restait muette, sauf parfois un meuglement de bestiaux. Et la pluie s'abattait, se répandait comme un lac un moment suspendu, un lac tourbillonnant qu'une fureur inconnue précipite sur les hommes. »